Otmuchow – Zator

100 jours – 2613km

Nous poursuivons notre découverte de la Pologne avec une semaine placée sous le signe des rencontres.

Nous avons notamment eu droit à une première approche dans un bar avec un polonais (très) imbibé. Voulant offrir deux bananes aux enfants, il s’est littéralement effondré sur la table en renversant mon café. Penaud, il est revenu quinze minutes plus tard avec deux grosses peluches que nous ne pouvions pas refuser malgré le peu de place disponible dans le chariot. Au final, ce monsieur nous a bien parlé pendant deux heures. Il avait certainement des choses importantes à nous dire mais il ne parlait que polonais. Nous avons seulement pu comprendre qu’il aimait dessiner des femmes dénudées et à la question « Police Vodka Problem », il a répondu par l’affirmative en injuriant les policiers.

Le lendemain, c’est un autre monsieur – Sigmunt – qui nous a abordé à l’épicerie et nous a proposé de venir prendre un café chez lui. Ce fut déjà un peu plus facile de communiquer. Avec nos rudiments d’allemand, nous avons pu en apprendre un peu plus sur la vie de ce monsieur. Comme bon nombre de jeunes polonais, ces 3 enfants sont partis travailler à l’étranger, profitant de l’ouverture des frontières. Nous étions tellement contents de cette invitation. La première depuis un long moment. Là encore, Elouan est reparti avec une grosse peluche et des lunettes de plongée.

Puis, mercredi dernier, Sandrine est partie se renseigner pour savoir si nous pouvions camper sur un terrain. Le monsieur lui a gentiment proposé que nous plantions la tente dans son jardin. Comme souvent dans ce genre de situation, ils nous ont finalement offert le repas et la douche (!?). Une autre belle rencontre avec Gregor, Myrka et leur fils Sajmon. Gregor est un ancien mineur en retraite depuis un mois. Ils habitent une belle maison dans la banlieue de Zadrejdie Droj. La région où ils habitent – la Silésie – compte encore beaucoup de mines de charbon actives et fait vivre des centaines de milliers de polonais. Ce fut une soirée très intéressante. Parlant anglais, nous avons pu comprendre un peu mieux ce pays. J’ai pris réellement conscience en discutant avec cette famille de l’incroyable histoire contemporaine polonaise. C’est à côté de Zadrejdie Droj qu’a eu lieu un des épisodes les plus sanglants de l’état de siège instauré en Pologne au début des années 80. Les opérations de pacification ont entraîné la mort de dizaines de mineurs. Gregor nous expliquait qu’il avait fuit le pays à la fin des années 80 car il n’y avait aucune perspective possible à cette période. Il est revenu en Pologne après la chute du mur.

Encore une fois, le chariot s’est alourdi de jouets pour Elouan au moment de notre départ. En fin de journée, c’est une vieille dame à vélo voulant nous montrer le chemin pour le lac qui nous a conduit chez elle et nous a offert un thé et du corned beef. Othelia et Jan ne parlant pas un traître mot d’anglais ou d’allemand, nous n’avons pas pu dialoguer. Ce fut tout de même une rencontre touchante avec ce couple d’octogénaires un peu inquiets pour nos enfants. Sans que nous puissions nous y opposer, Othelia a servi à Elouan son premier thé sucré et a donné une grosse tartine de beurre à Yanaël. Nous sommes repartis de chez eux avec une photo du Pape Jean-Paul II.

Des rencontres riches, fréquentes qui nous font apprécier ce pays. Pour le reste, ayant décidé de prendre le chemin le plus court pour Krakow, nous traversons une des zones les plus industrialisés d’Europe. C’est une région riche, les maisons sont neuves et bien entretenues mais c’est très urbanisé avec beaucoup de villes nouvelles construites dans les années 70. Avec l’apparition du capitalisme se sont maintenant des centres commerciaux qui jouxtent les grands ensembles communistes.

Samedi, nous avons fait halte à Auschwitz, l’itinéraire cyclable que nous suivons passait par là. Ce fut très particulier. Nous n’avons rien vu des camps de concentration et nous nous sommes posés la question de savoir si nous devions passer devant. Nous n’aurions bien sûr pas été à l’intérieur avec Elouan. De savoir que cela existe, d’entendre les trains passer sur les mêmes rails nous suffit. Les cars de touristes et le fast food à l’entrée du Musée d’Auschwitz nous ont quand même fait une drôle d’impression.

Paradoxalement, l’endroit est vraiment très touristique. Le camping ne comptait pas moins de 6 voyageurs à vélo alors que nous n’en avons quasiment pas croisé jusqu’ici. Lans, un cycliste américain a été visiter les camps. Il en est ressorti profondément affecté. Il nous expliquait qu’on pouvait encore voir une salle remplie de souliers d’enfants, que la visite se poursuivait à l’intérieur des chambres à gaz. Les guides communiquent tous les détails du fonctionnement du camp. Il a lui-même longtemps hésité à faire cette visite. Il nous disait qu’une amie suédoise ne conseillait à personne cette expérience difficile qui marque pour toujours l’esprit humain.

Cela fait maintenant 100 jours que nous sommes partis de Nevers. L’heure de tirer un premier bilan de ce voyage. Nous passons dans l’ensemble d’agréables moments mais tout n’est pas si simple. L’essentiel de nos journées de repos sont consacrées au lavage du linge que les enfants salissent en un clin d’oeil. Notre machine à laver nous manque. J’envie secrètement les couples de voyageur à vélo et me dit quel plaisir cela doit être de voyager léger, d’avaler les kms et de pouvoir passer ses journées de repos à se reposer vraiment. Avant de partir, j’envisageais ce voyage un peu comme des grandes vacances. Ce n’est pas aussi simple que cela, nos obligations familiales ou sanitaires font surface assez rapidement. Ça c’est pour le côté noir du tableau.

On a quand même la chance de passer beaucoup de temps avec nos enfants, nous faisons de belles rencontres et nous découvrons des pays que nous souhaitions voir depuis longtemps.

Beaucoup de gens semblaient s’inquiéter du moral d’Elouan mais notre petit bonhomme se porte bien. Offrez lui une glace ou un endroit pour se baigner et il retrouve le sourire instantanément. Il n’est pas difficile. Quelques petits instants de bonheur grappillés ça et là le comblent. Ça c’est pour le côté humain.

Côté matériel, notre château commence à être un peu fatigué de ses montages démontages multiples. Un premier arceau a lâché et en attendant de trouver une solution, nous avons plus ou moins condamné la grande abside. Cela donne à nos bivouacs un air de camp de romano.

Nous nous rapprochons tout doucement de Krakow où nous devrions nous arrêter quelques jours. Nous sommes à une cinquantaine de kilomètres. Nous avons attendu que la vague de chaleur passe. Hier, il faisait 37°C mais ils annoncent un peu moins chaud à partir d’aujourd’hui.

 

 

 

8 commentaires sur “Otmuchow – Zator

  1. merci pour ce coté making off de l’aventure
    c’est avec curiosité que j’ai hate de decouvrir les prochains caps pris par vos vélos.
    tjs direction Istambul ?
    jamais vu avec une barbe si importante !
    becos

  2. Encore une fois vous m’impressionnez tellement!! C’est vraiment super de voir ces nouvelles images. Bravo pour le super vidéo, j’adore! Le plan dans le super marché est génial!
    Je vous embrasse très fort
    Ronan, j’avoue que tu commences à être sérieusement barbu!
    xxx
    Évangéline

  3. Salut! Jeunes et fous voyageurs! Chaque semaine, entre le café et les tartines, nous dévorons vos récits : nous sommes heureux de voir vos sourires (surtout ceux des enfants dans les petits moments de bonheur), découvrir qu’il y a des gens sympas sur votre route et envier ces paysages marqués par la main de l’homme et son histoire, et surtout aussi imaginer le plaisir de dévaler les pentes après une dure montée! Nous avons reçu votre carte postale, mais le plus beau cadeau est de vous découvrir chaque semaine : merci pour les photos, impressions et confidences. La vie n’est pas qu’une partie de plaisir, même en voyage. Alors, nous vous souhaitons beaucoup de sucre pour aider à faire passer les bouts plus amers.
    Bisous

  4. je ne donne pas de nouvelle mais vous suis et vous aime
    Pris dans le tourment d’un air de Loire je m’échappe à vous lire
    si on peut le dire comme ça: long way !
    je pense souvent à vous
    profitez de tout !
    Denis L, Nevers

  5. Serait ce quelques dents que l’on aperçoit en bas dans la bouche de Yanaël ?
    Ca aussi nous interesse grandement ! Tout autant que la barbapapa !
    On vous fait d’énormes bisous
    Pédalez raisonnablemnet avec ces fortes chaleurs

  6. Attention les polonais sont GENIAUX; Nous avec Marylou c’est un colis de 7kilos de peluches que nous avons été obliger de renvoyer en France. Alors vous avec 2 enfants …. 🙂 Krakow est sublime , et je pense que vous aller tomber sous le charme de se pays tout comme nous.
    On vous embrasse et profitez
    les kanaky’s

  7. Salut les parents voyageurs,nous avons beaucoup pensé à vous lors de notre voyage à nous. Nous nous disions aux moments un peu durs: »et pense à Ronan & Sandrine! avec la pluie et les gamins! »….Nous sommes à Vienne(40° à l’ombre hier), tout se passe bien; mais Venise, chien écossais, n’aime pas du tout la canicule. Demain, nous partons vers la Slovaquie, la Hongrie, puis la Roumanie. Bisous à tous, Patrick & Sophie

  8. quel bonheur de vous suivre, de retrouver vos voix, de partager vos rencontres, c’est un vrai cadeau
    Je vous embrasse
    Anne et Eliott à chalon

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